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Cette malade était âgée d’environ trente ans d’une forte constitution, et cependant mal réglée. Je lui fis mettre des sangsues au fondement, à l’issue d’une époque des règles qui avait à peine été prononcée elfe prit quelques bains tièdes, fit usage de pilules savonneuses avec de légers amers, et de quelques infusions de feuilles d’oranger et de camomille. Elle se rétablit.

Cependant, quelques mois après, de nouvelles douleurs s’étant fait ressentir, on lui conseilla, sans la faire saigner au préalable, des pilules aloétiques et des boissons très-échauffantes. Les règles furent supprimées. Tous les signes de l’entérite eurent lieu. Appelé alors à son secours, je la fis saigner du pied j’ordonnai des boissons relâchantes et des bains tièdes, ensuite les eaux de Vichy. Les règles se rétablirent, le ventre se relâcha. La malade rendit par les selles des matières bilieuses et fut guérie.

Je ne doute pas que, si l’usage des toniques eût été continué, la malade n’eût fini par mourir de l’entérite. C’est ce que je crois non-seulement d’après les faits que je viens de rapporter mais encore d’après beaucoup d’autres que j’ai consignés dans mon Anatomie médicale ainsi que dans mon ouvrage sur les maladies du foie. On peut le consulter, et l’on verra que j’ai tiré de l’abus des toniques en pareil cas la même conséquence que je tire aujourd’hui. Je dois ajouter qu’en même temps que je recueillais ces observations à Paris, M. Saunders, célèbre médecin anglais (mort depuis peu), se récriait, à Londres, contre les médecins de cette ville, sur ce qu’ils prescrivaient des remèdes trop actifs dans quelques maladies du foie avec menace d’inflammation dans les intestins ils finissaient, dit-il, par la, réaliser. M. Saunders m’a fait part de cette remarque historique dans une honorable lettre qu’il m’écrivit après avoir lu mon ouvrage sur les maladies du foie, dans lequel j’avais établi le même trai-