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communications par eau, que par le résultat visible d’une difficulté vaincue. L’imagination ne peut saisir sans quelque réflexion les avantages d’un système d’écluses à petites chutes placées à la suite les unes des autres, à des intervalles plus ou moins longs ; mais elle est toujours vivement frappée de la manœuvre d’une écluse dont la chute est considérable.

Lorsque dans le xive siècle l’artillerie remplaça l’ancienne balistique, on commença par faire des canons qui lançaient des boulets du poids de cent à cent cinquante kilogrammes. Malgré leur effet prodigieux, le peu de service qu’on en retirait obligea bientôt d’y renoncer. Il ne reste de ces anciens canons que chez les Turcs et dans quelques arsenaux, où on les montre comme des monumens de l’art à son enfance. Les dimensions de toutes les pièces d’artillerie ont été successivement réduites et cette arme ne s’est véritablement perfectionnée qu’à mesure qu’on l’a rendue plus mobile et plus légère, c’est-à-dire, en d’autres termes, qu’on l’a rendue propre à produire le plus grand effet avec la moindre dépense de forces vives.

Il est vrai que depuis l’invention de la poudre les occasions n’ont pas manqué de mettre l’artillerie en pratique, et cette pratique a dû en rendre les progrès bien plus rapides que n’ont été ceux de l’architecture hydraulique depuis l’invention des écluses aussi, dans ce genre particulier de constructions, en sommes-nous encore aux grosses pièces.