navigables ne produit pas les denrées nécessaires à l’approvisionnement, des villes, il faut aller chercher ces denrées dans les plaines élevées, et quelquefois tirer des montagnes certaines productions du sol que l’industrie met en oeuvre. C’est alors que les canaux artificiels deviennent indispensables pour transporter sur les lieux de leur consommation, sans trop en augmenter le prix, les grains, les boissons, les bois de chauffage et de charpente les matériaux propres aux constructions ; enfin les fontes de fer et les charbons de terre, ces deux élémens essentiels de toute industrie manufacturière. Mais ces premiers produits de l’agriculture ou de l’exploitation du sol qui descendent dans les vallées sont d’un poids incomparablement plus grand que les objets manufacturés contre lesquels on les échange. Ainsi les bateaux qui apportent à Londres les charbons de terre et les fontes des environs de Birmingham, descendent les canaux à pleine charge et les remontent à vide en retournant chercher de nouveaux chargemens ; et, sans prendre hors de notre propre pays des exemples de ce mode de circulation, ne voyons-nous pas tous les jours les bateaux qui approvisionnent Paris, arriver sur les ports complètement chargés et remonter la Seine ou la Marne presque entièrement vides ? Un grand nombre de ces bateaux, et notamment ceux qui viennent du centre de la France par le canal de Briare, ne remontent même pas ce canal, et sont déchirés sur les bords de la rivière, où l’on approvisionne leurs débris sous le nom de bois de bateau.
Il serait superflu d’apporter de nouvelles preuves de ce qui vient d’être dit. On conçoit aisément que des bateaux qui arriveraient à Paris des points les plus élevés du département des Ardennes ou du département de la Côte-d’Or, n’y remonteraient pas avec des cargaisons aussi pesantes que celles qu’ils auraient apportées. On peut donc poser