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formule, sont précisément ceux que donne l’observation. Mais la conséquence la plus remarquable de cette formule, c’est que, restant constant, la distance de la bande obscure ou brillante que ton considère au bord de l’ombre géométrique, n’est pas proportionnelle à comme pour les franges un£rieures en sorte que cette bande ne parcourt point comme celles-ci, une ligne droite, mais une hyperbole dont la courbure doit être sensible. C’est aussi ce que l’expérience confirme, ainsi qu’on l’a vu par les observations rapportées plus haut.

En considérant l’accord frappant de ces formules avec l’expérience, il était naturel de les regarder comme l’expression fidèle de la loi des phénomènes, et d’attribuer les petites différences entre le calcul et les observations aux inexactitudes inséparables de mesures aussi délicates[1]. Mais lorsqu’on examine attentivement l’hypothèse sur laquelle elles repose, et qu’on la suit dans ses conséquences, on reconnaît quelle est en contradiction avec les faits.

Si les franges qui bordent les ombres résultaient effectivement du concours des rayons directs et des rayons réfléchis sur le bord de l’écran leur intensité dépendrait nécessairement

  1. Il paraîtrait au premier abord qu’on pourrait adapter cette théorie au système de l’émission, en ’y introduisant le principe des interférences, comme je l’ai indiqué plus haut. Mais, outre la complication des hypothèses fondamentales et le peu de probabilité de quelques-unes, ce principe conduirait, ce me semble, à des conséquences contraires au système de l’émission.

    M. Arago a remarqué que l’interposition d’une lame mince transparente sur les bords d un corps opaque assez étroit pour produire des franges dans l’intérieur de son ombre, déplaçait ces franges et les portait du côté de l’écran transparent. Or il résulte de ce phénomène, en~ adoptant le principe des interférences, que les rayons qui ont traversé la lame ont été retardés dans leur marche, puisque les mêmes franges, dans tous les cas, doivent répondre à des intervaiies égaux entre les instans d’arrivée des rayons. Cette conséquence, qui confirme si bien le système des ondulations, est en opposition manifeste avec celui de l’émission, marche plus vite dans les corps denses que dans les milieux rares.

    On ne peut éviter cette objection qu’en substituant la différence des accès des molécules lumineuses à leur différence de marche ;, mais on perdrait ainsi