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la tache noire centrale, où le contact des deux verres est très-intime mais il n’en est pas de même pour les anneaux obscurs qui l’entourent. Outre qu’il n’est pas probable que l’attraction des corps sur les molécules lumineuses s’exerce à des distances aussi sensibles, comment concevoir que le même verre qui les attire à une distance deux, les repousse à une distance trois, les attire à une distance quatre, et ainsi de suite ?

Il est bien plus naturel de supposer que ce phénomène résulte de l’influence que la lumière réfléchie à la seconde surface de la lame d’air exerce sur celle qui l’a été à la première, et que cette influence varie avec la différence des chemins parcourus. Ainsi les anneaux colorés conduisent au principe de l’influence mutuelle des rayons lumineux, comme les phénomènes de la diffraction quoiqu’ils ne le démontrent pas avec la même évidence.

Dans la théorie des ondulations, ce principe est une conséquence de l’hypothèse fondamentale. On conçoit, en effet que, lorsque deux systèmes d’ondes lumineuses tendent à produire des mouvemens absolument opposés au même point de l’espace, ils doivent s’affaiblir mutuellement, et même se détruire complètement, si les deux impulsions sont égales, et que les oscillations doivent s’ajouter, au contraire, lorsqu’elles s’exécutent dans le même sens. L’intensité de la lumière dépendra donc des positions respectives des deux systèmes d’ondes, ou, ce qui revient au même, de la différence des chemins parcourus, quand ils émanent d’une source commune[1]. Dans le

  1. À l’aide du principe des interférences, on explique aisément la loi des anneaux colorés, lorsque l’incidence est perpendiculaire ; et, sans supposer que l’obliquité de la lame d’air apporte aucun changement dans la longueur des ondes lumineuses qui la traversent, on voit pourquoi le diamètre des anneaux augmente avec l’angle d’incidence. Ce principe conduit à une formule très-simple, qui représente fort bien le phénomène, excepté pour les grandes obliquités du moins dans ce cas les résultats qu’elle donne diffèrent sensiblement des observations de Newton. Mais il est très-possible que cette différence entre la