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d’eux-mêmes la conséquence, il est certain néanmoins qu’on y affirme que « les prétentions mises en avant par M. Yvon Villarceau sont inadmissibles », sans autre démonstration que des réflexions sur l’action de la surcharge, copiées de M. Denfert-Rochereau. Après cela on parle, sans connaissance suffisante, de l’étendue du Mémoire, des intégrales elliptiques, et l’on conclut à l’inutilité du travail pour le progrès de la théorie.

» Il est bien étrange, cependant, que le traducteur trouve à donner des éloges au travail de M. Denfert-Rochereau, publié en 1859, qui poursuit le même but théorique de la plus grande stabilité, sous des conditions choisies d’avance, tout en s’inspirant des idées de M. Yvon Villarceau. Il diffère de cet auteur en deux points seulement : 1° quant à la direction de l’action de la surcharge sur l’extrados, qu’il suppose verticale ; 2° quant au choix des conditions à remplir, puisqu’il fait varier la longueur des joints proportionnellement à l’intensitè des pressions. Or, cette dernière condition, à laquelle M. Villarceau a dû ne pas satisfaire, étant sans importance réelle pour la pratique, le seul point sérieux de critique est de fixer la direction des réactions sur l’extrados. Si, en s’appuyant sur l’existence de la cohésion et du frottement lors du décintrement, on assure que leurs résultantes ne seront pas normales à la chape de la voûte, on peut affirmer de même qu’elles ne seront pas non plus verticales, si ce n’est au voisinage de la clef, où les deux hypothèses se confondent.

» Dans l’impossibilité actuelle d’obtenir, au moyen de la seule théorie, une solution rigoureuse, il reste à chercher laquelle des deux hypothèses conduit aux résultats les plus rapprochés de la vérité. C’est donc à l’expérience qu’on doit aujourd’hui demander une réponse. Voila le motif qui nous a engagé à écrire cette courte Note. Depuis plusieurs années, on enseigne en Espagne, dans tous ses détails, la théorie de M. Yvon Villarceau, à l’École des Ponts et Chaussées, et cette théorie a déjà reçu chez nous quelques applications heureuses. L”ingénieur Martinez Campos a fait, à l’Extramadura, le pont de Garganta-Ancha, de trois arches de 14m de portée, dont les dessins ont figuré à l’Exposition universelle de 1867, et dont la parfaite réussite a donné, parmi nous, une solide réputation à l’astronome français. Après cela, en 1865, nous avons entrepris une expérience directe, en construisant une arche d’épreuve de 19m de portée. En admettant toutes les hypothèses de M. Villarceau, et en appliquant, aux inflexions observées après le décintrement, une méthode de calcul qui nous est propre et que nous avions publiée en 1860, nous avons trouvé l’accord le plus parfait entre la théorie et l’expérience. Par là, nous sommes en mesure d’assurer que, si les actions de la surcharge ne sont pas normales à l’extrados, l’écart est resté sans influence sur les résultats positifs