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Réaumur, et le baromètre à de pouces, M. Soret, se trouvant au deuxième étage d’une maison située au bord du lac, regardait avec un grand télescope une barque chargée de tonneaux, dont les deux voiles étaient déployées, et qui faisait route pour Genève.

Au moment où cette barque arriva à la hauteur de la pointe de Bellerive (cap formé par le rétrécissement du lac, à une lieue au-dessous de Genève, et situé sur la rive gauche), elle changea un peu sa direction primitive en se portant vers la rive gauche. À cet instant M. Soret vit paraître au-dessus de l’eau l’image des deux voiles, laquelle, au lieu de suivre la marche de la barque, se sépara pour en prendre une différente, en cheminant du côté de la rive droite, dans la direction de l’est à l’ouest, tandis que la barque marchait du nord au sud.

Au moment de l’observation, la partie du lac où se trouvait la barque paraissait calme, et, comme à l’ordinaire, d’une couleur d’aigue-marine, tandis que la partie plus rapprochée de l’observateur était faiblement agitée et d’une teinte grisâtre, due sans doute à la réflexion des nuages.

Quand l’image se sépara de la barque, ses dimensions étaient égales aux deux voiles qu’elle représentait ; mais à mesure qu’elle s’en éloigna, elle diminua insensiblement, de manière à se trouver réduite à moitié quand le mirage cessa.

M. Jurine arriva assez à temps pour voir ces deux objets à peu de distance l’un de l’autre. Ils s’avançaient toujours sur le mème plan, de manière qu’en faisant mouvoir le télescope horizontalement, ils passaient l’un après l’autre au champ de l’instrument. Quand les rayons solaires qui perçaient de temps en temps au travers des nuages, se portaient sur