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éloge de m. de beauvois.

de ces douze années ne s’était écoulée sans qu’il courût de grands dangers, sans qu’il fit de grandes pertes, sans qu’il éprouvât des chagrins plus cuisants peut-être que les dangers et les pertes.

On doit bien croire que d’après ses aventures de Saint-Domingue, depuis long-temps il n’était plus tenté de prendre part aux affaires publiques. Recueillant les débris de sa fortune et ceux de ses collections, consacrant à ses ouvrages ce qui lui restait de vie, il a vu encore se passer sous ses yeux des révolutions plus grandes et aussi sanglantes, quoique moins souillées de crimes, et il a eu sans doute plus d’une occasion de bénir les infortunes qui l’avaient rendu tout entier aux sciences. Elles ont été, en effet, en France, depuis son retour, sa seule occupation.

L’herbier et les insectes qu’il avait adressés d’Oware à M. de Jussieu en 1788 ont suppléé en partie aux collections qu’il avait perdues, et servi de base à sa Flore d’Oware et de Benin[1], et à la meilleure partie de ses insectes recueillis en Afrique et en Amérique[2].

Grâce à la protection d’un gouvernement éclairé, ces deux ouvrages sont exécutés avec magnificence ; ils font connaître aux naturalistes des espèces remarquables par leur beauté, par leur singularité ou par leur utilité. S’il ne s’y en trouve pas un plus grand nombre, on doit se souvenir qu’il ne restait à l’auteur que les débris échappés à ses malheureuses aventures.

  1. Flore d’Oware et de Benin en Afrique. Paris 1804 — 1820. Dix-neuf livraisons in-fol.
  2. Insectes recueillis en Afrique et en Amérique, dans les royaumes d’Oware