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éloge de m. de beauvois.

liaisons qui auraient pu nous rendre le commerce des pelleteries.

Devenu en Amérique vraiment zoologiste, il ne se contenta pas d’observer les animaux à fourrure. Les serpents à sonnette, ces reptiles auxquels on avait attribué des propriétés plus extraordinaires encore que leur poison n’est terrible, furent pour lui un objet particulier d’observations. Il fut témoin de ce fait, que les serpents femelles, au moment du danger, donnent une retraite à leurs petits dans leur bouche.

Ses collections dans tous les genres furent très-riches ; il ne négligea pas même de rassembler des os fossiles, et c’est à lui qu’on doit la connaissance des dents du mégalonix de M. Jefferson, connaissance qui a complété celle de cet animal perdu.

Mais, comme si une fatalité inexorable l’avait poursuivi, tous ses trésors embarqués sur un parlementaire qui reportait à Halifax des prisonniers anglais, et qui échoua près du port, furent pillés ou engloutis dans les flots.

C’est au milieu du chagrin que lui causait cette dernière perte, qu’il apprit enfin que le gouvernement de sa patrie s’était adouci pour lui, et que la France lui était rouverte. L’Institut, qui venait de se former, avait réclamé pour un homme qui lui appartenait en quelque sorte, et sa demande avait été écoutée. Empressé de profiter de cet acte de justice, M. de Beauvois renonça à un voyage qu’il était au moment d’entreprendre chez les Akansas. Se hâtant d’emporter le peu qui lui restait de ses collections, il débarqua à Bordeaux au mois d’août 1798. Ainsi.se terminèrent douze années de voyages, et, on peut le dire, de malheurs ; car aucune