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éloge de m. de beauvois.

patrie lui rendit justice, il lui prodigua les secours, et favorisa tous ses plans.

Ses premières excursions se portèrent dans les provinces du sud-ouest, parmi les Criks et les Cherokis, principalement dans la vue d’y faire des recherches sur le commerce des pelleteries. Il retrouvait là des sauvages plus pauvres, plus grossiers peut-être que les nègres, mais dont les superstitions ne sont pas aussi féroces. Ils ne sacrifient point leurs semblables, mais ils exercent encore la justice du talion ; un meurtre ne peut s’expier que par un meurtre ; et, à défaut du premier auteur du crime, il faut qu’un de ses parents subisse la mort. Avec les blancs, ils ne regardent pas même à la généalogie, et tous sont à leurs yeux de la même famille.

M. de Beauvois arriva dans une de leurs bourgades au moment où l’un des leurs venait d’être tué par un colon ; et il allait payer pour tous les hommes de sa couleur, si son interprète n’eût réussi à leur faire entendre que, venu de France, il n’appartenait pas à la famille des États-Unis. Ils le traitèrent alors avec amitié ; mais leur amitié pensa lui faire autant de mal que leur vengeance. Ils voulurent lui faire prendre, dans un accès de fièvre, les remèdes dont ils se servent en pareil cas ; et l’effet en fut si violent, qu’il devint presque victime de sa docilité.

Quelques familles françaises, venues originairement de la Louisiane, sont comme perdues dans ces contrées éloignées des côtes. M. de Beauvois y découvrit des protestants, qui avaient quitté la France à l’époque de la révocation de l’édit de Nantes, et qui ont presque adopté les mœurs des sauvages. Il croyait qu’on aurait aisément renoué avec eux des