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éloge de m. de beauvois.

roi des Aschantes a tenu à la dernière ambassade que les Anglais lui ont envoyée.

Ainsi, dans ses idées, pour que l’on put abolir la traite, sans faire aux nègres de l’Afrique plus de mal que de bien, il aurait fallu commencer par les civiliser, par donner de l’emploi au superflu de leur population. Il aurait fallu détruire radicalement chez eux les superstitions qui reprendront un empire plus étendu, aussitôt qu’elles ne seront plus combattues par l’intérêt. On ne taxera donc pas sur ce point M. de Beauvois d’inhumanité, et ceux qui croiront que son humanité était mal entendue, respecteront ses intentions ; mais peut-être n’aura-t-on pas la même indulgence pour l’opiniâtreté avec laquelle il s’efforça de faire refuser les droits politiques dans les colonies aux nègres libres, et même aux hommes libres de couleur mêlée.

Nous devons l’avouer, il partagea contre eux les préventions orgueilleuses des blancs ; il agit, il écrivit pour soutenir ces préventions. C’est que, d’après ce qu’il avait observé sur le physique et sur le moral des nègres, il n’avait jamais pu se persuader que leur race appartînt à la même espèce que nous, et qu’ils fussent capables d’arriver au même degré de civilisation. Non seulement il leur voyait une autre peau, d’autres cheveux, une autre forme de tête, de dents, un tempérament différent. Sur le sol le plus fertile, avec un naturel doux, des dispositions à l’hospitalité, de la propension pour les plaisirs de famille, en un mot, au milieu de tous les moyens d’arriver à l’état social le plus heureux, il les avait trouvés livrés sans exception aux superstitions les plus absurdes, les plus cruelles, à la sensualité la plus brutale. À aucune époque, l’histoire ne les lui avait montrés autrement.