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éloge de m. de beauvois.

la zone torride, et qui les poursuit quelquefois jusque dans leur pairie, la fièvre jaune, ne tarda point à se déclarer. M. de Beauvois vit expirer son beau-frère et les deux hommes qu’il avait amenés. Il nous assure, dans sa relation, que sur trois cents Français partis avec lui, il en périt deux cent cinquante pendant les quinze mois qu’il resta à Oware ; lui-même n’échappa à une première atteinte qu’en se faisant reporter sur le vaisseau resté en rade, et qui, transformé en hôpital, était cependant encore plus sain que la terre. Deux autres attaques le réduisirent à un état de langueur déplorable. Toutefois il ne perdit jamais courage ; tant que ses forces le lui permirent, tant qu’il put avoir un nègre pour l’accompagner ou pour faire avancer son canot, il parcourut le pays en suivant les différents embranchements de la rivière qui arrose cette espèce de delta, et recueillant tout ce qui s’offrait d’intéressant soit pour l’histoire morale des peuples, soit pour l’histoire naturelle. Il ne vit pas seulement la cour du roi d’Oware, prince déja un peu moins barbare que ceux qui demeurent plus avant dans les terres, mais dont le royaume est peu étendu et les sujets pauvres et peu nombreux. Après avoir fait un voyage à Agaton, premier entrepôt du royaume de Benin, il en fit un second à Bénin même, où il séjourna quelque temps, et fut accueilli par le roi. Celui-ci, dont les états ont une cinquantaine de lieues de diamètre, se croit le plus puissant monarque de l’univers. Ses sujets vont plus loin ; ils sont convaincus que c’est un être surnaturel..Non-seulement, comme ceux du grand Lama, ils ont l’opinion que leur souverain demeure toujours le même, que son ame transmigre seulement de son corps à celui de son successeur ; mais