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éloge de m. de beauvois.

On sent que pour confirmer une opinion si nouvelle, il aurait fallu non seulement montrer cette poussière de la columelle, mais encore la pouvoir semer séparément de la poussière verte, et il ne paraît pas que M. de Beauvois ait jamais tenté cette dernière expérience.

La même objection a pu être faite à son opinion sur les lycopodes. On observe dans ces cryptogames des capsules très-différentes de celles des mousses, et qui contiennent une poussière inflammable bien connue par l’usage qu’on en fait dans les spectacles : cette poussière, qu’Hedwig a prise aussi pour la semence, parut incontestablement à M. de Beauvois devoir être le pollen ; mais au milieu de cette poussière sont mêlés quelques corps transparents qu’il regarde comme ces espèces de bourgeons ou de bulbes propres à donner de nouvelles plantes. Ce sont eux qui ont germé, selon lui, dans les expériences d’Hedwig : les véritables semences sont des grains plus gros renfermés dans de petites capsules que recèlent les aisselles des feuilles de la partie inférieure de l’épi ; mais on ne voit pas non plus qu’il ait jamais essayé de les faire germer, bien que l’expérience eût été beaucoup plus facile qu’avec celles des mousses.

L’Académie, qui a toujours eu pour principe de ne se rendre qu’à des calculs ou à des expériences positives, ne put donc considérer comme démontrée l’opinion qui lui était soumise par M. de Beauvois ; et bien que M. de Jussieu, dans son Genera plantarum, et M. Delamarck, dans le Dictionnaire de botanique de l’Encyclopédie, article Champignon, en aient quelque temps après publié des extraits, elle ne fit point pour lors une grande sensation parmi les botanistes.