çoit souvent qu’une première idée qui leur a souri les a conduits ensuite dans toutes leurs recherches, et même dans tous leurs systèmes ; partout dans leurs ouvrages, elle se reproduit sous diverses formes, et à défaut d’expériences ou de faits, ils sont ingénieux à appeler des hypothèses à son secours.
C’est ce qui arriva à M. de Beauvois.
Il ne se fut pas plus tôt persuadé que la semence de certains champignons était intérieure et plus menue que leur pollen, et qu’elle pouvait être fécondée, non pas dans l’ovaire, et encore tendre et petite, comme se féconde celle de toutes les autres plantes, mais au moment de la sortie, et lorsqu’elle est déjà toute développée, qu’il appliqua sa doctrine aux mousses.
Au milieu de cette poussière verte qui remplit les urnes des mousses, et qu’Hedwig regarde comme la graine, est une espèce de noyau ou de petit axe plus ou moins renflé, nommé par les botanistes la columelle.
Ceux qui en avaient observé l’intérieur n’avaient pu y voir qu’un parenchyme plus ou moins celluleux ; M. de Beauvois crut y remarquer de très-petits grains, et aussitôt il pensa que c’était là la véritable semence ; la poussière verte qui remplit l’urne ne fut plus à ses yeux que le pollen ; les mouvements des cils qui garnissent le bord de l’urne n’eurent pour objet que de comprimer ce pollen contre les semences, afin de les féconder au moment où elles vont s’échapper ; et lorsqu’on lui objectait qu’Hedwig avait fait lever des mousses en semant la poussière verte, il répondait qu’apparemment Hedwig avait semé en même temps sans s’en apercevoir cette autre poussière plus menue qui est renfermée dans la columelle.