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éloge de m. de beauvois.

jugea mâles et femelles, furent les champignons, et surtout les hydnums, ou ces champignons dont le chapeau est hérissé de pointes en dessous ; la base de chaque petite pointe se garnit, à une certaine époque, d’une poussière que M de Beauvois compare au pollen ; les pointes elles-mêmes, qu’il prend pour des stigmates, se recourbent alors pour recevoir cette poussière fécondante ; elles se redressent ensuite, se renflent, et l’on découvre enfin dans leur intérieur une autre poussière plus menue, que M. de Beauvois regarde comme la graine. Quelque chose d’analogue se passe dans les agarics ou champignons lamelleux. C’est dans l’intérieur des lamelles que se trouvent les graines ; le pollen naît à l’extérieur, et on le recueille aisément en plaçant une glace sous le champignon, à l’instant où son chapiteau se développe. Dans les jeunes clavaires, il y a au sommet un mamelon d’où une poudre fine s’échappe et se répand sur la surface de la plante. Celle-ci est hérissée de petites verrues, dont chacune contient des graines.

Dans les vesses de loup ou lycoperdons, tous les botanistes ont observé une poussière qu’ils ont prise pour la semence ; mais comme elle est très-combustible et qu’elle flotte sur l’eau, M. de Beauvois aima mieux la regarder comme un pollen. Il pensa que la semence est contenue dans un réseau plus intérieur, qui a son issue par la même ouverture que le pollen, et c’est, selon lui, au moment où elles sortent ensemble qu’une de ces poussières féconde l’autre. Il a comparé depuis cette fécondation à celle qu’éprouvent les œufs de la grenouille, au moment où ils sont pondus.

Lorsqu’on étudie avec attention la marche de l’esprit dans les hommes qui ont ou des conceptions originales, on aper-