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éloge de m. de beauvois.

ou des actes gravement répréhensibles. Botaniste instruit, collecteur heureux, auteur d’ouvrages estimés, il s’est fait sans peine dans les sciences un nom durable ; les fatigues auxquelles il s’est livré, pour procurer à l’histoire naturelle quelques richesses de plus, n’ont jamais altéré la paix de son ame. Magistrat, membre d’assemblées politiques, il a été accablé au contraire de persécutions et de souffrances, qui dûrent souvent lui paraître d’autant plus douloureuses, qu’elles ne lui laissèrent pas toujours la consolation de pouvoir se dire que ses préventions et ses erreurs, ou du moins celles du parti qu’il avait embrassé, n’y eussent pas contribué.

Il était né à Arras, le 28 octobre 1755, d’une famille ancienne qui occupait depuis deux siècles, dans l’Artois, des emplois considérables, et qui avait donné quatre premiers Présidents au Conseil supérieur de cette province. Son père, après avoir été quelque temps conseiller au même Conseil, fut contraint, pour des raisons de fortune, d’exercer la charge de receveur général des domaines et bois, dans les généralités de Picardie, de Flandre et d’Artois, qui était dans sa famille depuis 1685. Notre Académicien, après avoir servi un moment dans les Mousquetaires, se destina à la robe ; il s’était fait recevoir avocat, et traitait d’une charge d’avocat du roi au Châtelet, lorsqu’il se vit obligé de changer de projets, par la mort de son frère aîné, qui arriva peu de temps après celle de son père, et qui fit passer sur sa tête la charge de finance dont nous venons de parler.

Cette charge était lucrative, mais ne donnait pas beaucoup de travail au titulaire ; et le jeune receveur général avait trop d’activité pour ne pas désirer encore quelque moyen d’occuper ses loisirs. Il en trouva de nombreux et