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éloge de m. delambre.

piter ; entreprise difficile et d’une prodigieuse étendue, dans laquelle il fut soutenu par deux motifs puissants, l’utilité publique et la grandeur propre du sujet. Les astres qui accompagnent Jupiter sont les premiers corps célestes que le télescope nous ait fait découvrir ; ils disparaissent lorsqu’ils pénètrent dans l’ombre de la planète. Ces phénomènes, entièrement semblables aux éclipses lunaires, se reproduisent beaucoup plus fréquemment, puisqu’un seul des satellites est éclipsé quatre fois dans l’intervalle de sept jours. Galilée, qui contempla le premier ces curieux phénomènes, jugea aussitôt que ce genre d’observations servirait à perfectionner les connaissances géographiques. En effet, lorsque le cours des satellites fut connu, et réduit en tables assez exactes, on rectifia une multitude d’erreurs énormes dans la détermination des longitudes, et surtout vers la partie orientale de l’ancien continent. À la vérité, plusieurs causes concourent à limiter l’usage et la précision de cette méthode ; mais elle n’en est pas moins une source précieuse de découvertes : et l’on regardera toujours comme une des plus heureuses conséquences des inventions modernes, que ces astres si long-temps ignorés, et qui semblaient devoir toujours échappera nos sens, offrent aujourd’hui au navigateur dans les attérages, le moyen le plus facile de reconnaître les positions respectives des lieux du globe où il est parvenu. Ce n’est pas le seul résultat digne d’admiration que présente le monde de Jupiter ; il n’y a peut-être aucune partie du ciel dont le spectacle soit plus propre à intéresser l’esprit. C’est l’observation attentive des éclipses des satellites qui nous a appris que l’action de la lumière n’est pas instantanée, et nous a donné la mesure précise du temps qu’elle emploie pour se propager depuis le soleil jusqu’à nous ;