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éloge de m. delambre.

et c’est dans le sein de cette Académie qu’ils ont été résolus. Les inégalités qui semblaient inexplicables sont des résultats nécessaires de l’action mutuelle des corps célestes : ces inégalités ne sont point des exceptions aux lois mathématiques de la pesanteur ; au contraire, elles les confirment. Le monde planétaire oscille entre des limites qu’il ne peut point dépasser ; il contient en lui-même ses principes de stabilité et de durée, qui suffisent pour le régir et pour le conserver. C’est l’imperfection de nos connaissances qui portait à recourir à des causes subsidiaires ou réparatrices : plus on étudia l’Univers, plus on admira l’unité et la simplicité de ses lois ; jamais les sciences ne se sont perfectionnées sans rendre plus manifeste l’ordre immuable qu’une sagesse infinie a prescrit à toute la nature.

On agitait toutes ces grandes questions du système du monde, lorsque M. Delambre se livrait avec ardeur à l’étude de l’astronomie. Il assistait à la séance de l’Académie des sciences de Paris où M. de Laplace venait de communiquer ses importantes découvertes sur les inégalités respectives de Saturne et de Jupiter ; Delambre forma aussitôt le dessein d’appliquer les résultats de cette profonde analyse, et de perfectionner ainsi les tables des deux planètes.

Recueillir, discuter, et rendre comparables toutes les observations connues, les rapprocher des résultats théoriques, distinguer par ce moyen les éléments qui doivent servir à former les tables, enfin assigner à ces éléments les valeurs propres à faire coïncider les théorèmes d’analyse avec les faits observés, voilà en général la marche que l’on suit dans la composition des Tables astronomiques.

Delambre s’appliqua surtout à celles des satellites de Ju-