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DESCRIPTION D’UNE AGGRÉGATION DE PIERRES

que j’ai pris sur les lieux, il paraît que le sol est le même à plusieurs milles de distance. Chacune de ces pierres est revêtue d’une couche de terre sablonneuse, jaune, ocracée et adhérente ; l’intervalle qui les sépare est occupé par une substance grasse, assez semblable, quand elle est fraîche, au ciment des vitriers. Mais ce ciment est mélangé de taches irrégulières, noires et ferrugineuses. La même substance recouvre les deux côtés du mur, comme si on l’en avait crépi. Mais ce qu’il y a de remarquable, ce ciment du côté ouest est comme marbré et chargé des mêmes taches noires qui manquent entièrement au côté opposé. On ne peut se le dissimuler, toutes ces circonstances donnent à cet amas de pierres l’apparence d’un mur construit par la main et l’industrie des hommes. Mais d’autres motifs qui me paraissent plus puissants, et que les bornes de ce mémoire ne me permettent pas de discuter, me semblent suffisantes pour faire rejeter cette opinion.

Tel était l’état et la situation de ce phénomène curieux à l’époque de 1796. Depuis ce temps il a été visité par plusieurs naturalistes, entre autres par MM. Zéchariah Lewis, M’Korkle, Hall et Newman. Les travaux qu’ils ont faits, leurs recherches et leurs observations se trouvent consignés dans le quatrième vol. du Recueil médical de New-York pour l’année 1801, et rédigé par MM. Samuel Mitchil et Edward Miller ; ce dernier y a joint ses propres réflexions, dont nous ferons mention.

D’après ces travaux et ces recherches, le mur, que l’on ne désigne plus sous le nom de mur naturel, mais sous celui de mur souterrain, a été sondé. On l’a suivi dans une longueur d’environ 100 mètres (300 pieds anglais). Le sol a été creusé à la profondeur de 4 mètres (12-14 pieds, même mesure),