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SUR LES INONDATIONS SOUTERRAINES

ment, soit attribuée aux filtrations du bassin de la Villette. L’étendue de ce bassin, la masse d’eau qu’il contient frappent assez les yeux pour que le public, dont le jugement se fonde quelquefois sur des aperçus superficiels, ne cherche point ailleurs la cause des accidents dont il s’agit. Mais, outre que les inondations souterraines ne sont qu’accidentelles et temporaires[1], tandis que le réservoir de la Villette est constamment entretenu plein d’eau à la même hauteur, et qu’on ne peut raisonnablement attribuer des effets momentanés à une cause permanente, n’est-il pas évident que le retour des mêmes circonstances a pu ramener, cette année, sur les mêmes lieux, les mêmes accidents qu’elles y occasionnèrent en 1788.

Or, si l’on consulte l’histoire météorologique des années

  1. Les marais situés le long de la rue Grange-aux-Belles, entre les faubourgs du Temple et Saint-Martin, ont été inondés en 1817, depuis le mois de mars jusqu’à la fin de juin. Leur inondation a commencé cette année avant le mois de février ; entre les deux submersions, ils ont été mis en culture, comme dans les temps ordinaires.

    Les plus anciens habitants de ce quartier se rappellent les submersions de ces marais en 1788 et 1802, époques antérieures l’une et l’autre à l’établissement du bassin de la Villette, où les eaux n’ont été mises pour la première fois que le 2 décembre 1808.

    Ce qui a contribué sur-tout à la stagnation des eaux dans ces marais, c’est que leur sol est plus bas que celui d’aucun quartier de la ville, et qu’ils reçoivent nécessairement les eaux pluviales des buttes de Montfaucon et de la Villette, ainsi qu’on peut s’en assurer en jetant les yeux sur un plan de nivellement général de Paris. Pour faire écouler ces eaux stagnantes, il n’a fallu qu’ouvrir deux tranchées à travers la rue des Marais, et pratiquer deux percements dans le mur septentrional du grand égout ; c’est-à-dire donner à ces eaux le moyen de s’écouler dans cet égout, comme elles s’y écoulaient avant qu’il eût été revêtu de murs de maçonnerie, en suivant la pente naturelle du terrain.