yeux de l’empereur, le faire vite avait peut-être le pas sur le faire bien. Cette fois cependant ses espérances n’allèrent point jusqu’à supposer que la composition d’un ouvrage considérable qui pouvait exiger dix à douze grandes planches et dans lequel des exemples historiques heureusement choisis devaient sans cesse marcher à côté du précepte et l’étayer, s’exécuterait en moins d’un an. Eh bien, Messieurs, moins de quatre mois s’écoulèrent entre le moment où Carnot connut le désir de Napoléon et la date de la publication du célèbre Traité de la défense des places fortes.
De 1807 à 1814 Carnot vécut dans la retraite ; il remplissait scrupuleusement ses devoirs d’académicien. Ce titre lui avait été rendu, le 5 germinal an VIII, après le décès de Le Roy. Presque tous les mémoires de mécanique soumis au jugement de la première classe de l’Institut lui étaient renvoyés. Sa rare sagacité en signalait, en caractérisait, en faisait ressortir les parties neuves et saillantes avec une clarté, avec une précision remarquables. Je pourrais citer tel auteur de machines qui n’a véritablement conçu sa propre découverte qu’après avoir eu le bonheur de passer par cette savante filière. Il avait d’ailleurs un genre de mérite qui n’est pas toujours l’auxiliaire d’une grande science il savait douter ; les résultats théoriques n’étaient pas à ses yeux infaillibles.