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découlent avec facilité des méthodes de notre. illustre confrère.

Carnot inventeur d’un nouveau système de fortifications.

Il y aurait dans cette biographie une lacune qui deviendrait l’objet de vos justes critiques si, malgré tant de points de vue différents sous lesquels j’ai déjà envisagé l’imposante figure de Carnot, je négligeais de vous parler de l’ingénieur militaire, de l’inventeur d’un nouveau système de fortifications.

Vous vous rappelez sans doute les vifs débats que Carnot eut à soutenir, dès son entrée dans la carrière militaire, avec les chefs de l’arme à laquelle il appartenait. Un caractère droit et inflexible lui faisait déjà repousser le joug pesant de l’esprit de corps. L’âge mûr ne démentit pas un si honorable début. Carnot trouva aussi dans sa raison élevée le secret de se soustraire aux préoccupations quelquefois passablement burlesques, des hommes trop exclusivement livrés à une spécialité. Les officiers du génie eux-mêmes n’ont pas toujours échappé à de semblables travers. Eux aussi poussent quelquefois jusqu’à l’exagération les conséquences d’un excellent principe. On en a vu, je suis du moins certain de l’avoir entendu dire, on en a vu qui ne parcourent pas une vallée, qui ne gravissent pas une colline, qui ne franchissent pas un pli de terrain sans former le projet d’y établir une grande fortification, un château crénelé, ou une simple redoute. La pensée qu’avec la facilité actuelle des communications, chaque point du territoire peut devenir un champ de bataille les obsède sans cesse ; c’est pour cela qu’ils s’opposent à l’ouverture des routes, à la construction des ponts,