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des récriminations ! Carnot, au reste, eut bientôt à se féliciter de sa réserve à Nyon la lecture des journaux français lui apprit qu’il avait été trompé par une ressemblance fortuite que son compagnon de voyage, loin d’être un général, n’avait jamais fait manœuvrer que sa frêle embarcation, et que Pichegru, arrêté par Augereau, attendait la déportation dans une des prisons de Paris. Carnot était encore à Nyon lorsque Bonaparte venant d’Italie traversa cette petite ville en se rendant à Rastadt. Comme tous les autres habitants, il illumina ses fenêtres pour rendre hommage au général.

Si le cadre que je me suis tracé m’amenait plus tard à parler de la rare et sincère modestie de Carnot, on ne m’opposerait pas, j’espère, la petite illumination de Nyon. Quand il plaçait deux chandelles sur sa fenêtre, en l’honneur de victoires auxquelles il avait concouru par ses ordres, ou, du moins, par ses conseils, Carnot proscrit, Carnot sous le coup d’une menace d’extradition et d’un exil dans les déserts de la Guyane, devait assurément être agité de sentiments bien divers mais il n’est nullement présumable que l’orgueil figurât dans le nombre.

18 brumaire. – Rentrée de Carnot en France. – Sa nomnation au ministère de la guerre. – Sa démission. – Son passage au Tribunat.

Depuis plus de deux ans Carnot avait disparu de la scène politique ; depuis plus de deux ans il vivait à Augsbourg sous un nom supposé, exclusivement occupé de la culture des sciences et des lettres, lorsque le général Bonaparte revint d’Égypte, et renversa d’un souffle, le 18 brumaire,