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droit d’attendre de la part de quelques-unes des victimes du coup d’État directorial, dissiperont peut-être tous les nuages. Dieu veuille, pour l’honneur du pays, qu’en fin de compte la mutilation violente et illégale de la représentation nationale n’apparaisse pas comme le résultat exclusif de haines, d’antipathies personnelles excitées ou du mains entretenues en grande partie par les intrigues de plusieurs femmes célèbres. Au reste, les investigations des historiens à venir, quelque étendues, quelque complètes qu’elles puissent être, ne jetteront aucun louche sur la parfaite loyauté de notre confrère. Déjà il ne reste plus de vestiges des accusations articulées dans le rapport officiel présenté en l’an VI au conseil des Cinq Cents en quelques pages, Carnot les réduisit au néant. Tout ce que la malveillance ou la simple préoccupation osent emprunter aujourd’hui au pamphlet si artificieusemerrt élaboré de Bailleul, se réduit à un reproche banal grossièrement exprimé, et dont j’aurais dédaigné de faire mention si Carnot n’avait indiqué lui-même à quelles conditions il l’acceptait.

Les roués politiques qualifient de niais tous ceux qui dédaigneraient des succès achetés aux dépens de la bonne foi, de la loyauté, de la morale ; mais, il ne faut pas s’y méprendre, niais est l’épithète polie ; stupide est celle qu’on préfère alors qu’on ne se croit pas tenu à des ménagements et au langage de la bonne compagnie. Cette épithète, dédaigneusement jetée dans le rapport officiel de Bailleul, avait cruellement blessé Carnot ; elle est ironiquement reproduite presque à chaque page de la réponse de notre confrère. Oui, dit-il quelque part, le stupide Aristide est chassé de son pays ; le stupide Socrate boit la ciguë ; le stupide Caton est réduit à