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toire exécutif, j’en aurais rencontré un parmi les fructidorisants, l’autre parmi les fructidorisés le satrape Barras, de qui on avait pu dire, sans exciter de réclamation, qu’il était toujours vendu et toujours à vendre, se serait offert à moi comme l’ami, comme l’allié, ou du moins, comme le confident intime de l’austère, du probe La Réveillère ; j’aurais vu ce même Barras qui depuis, qui déjà peut-être à cette époque, correspondait directement avec le comte de Provence, entouré d’une cohue de séides, dont aucun, pour le dire en passant, ne refusa plus tard la livrée impériale, renverser sous d’incessantes accusations de royalisme le seul homme de nos assemblées qui, toujours fidèle à ses convictions, combattit pied à pied l’insatiable ambition de Bonaparte.

Cherchant ensuite dans les faits, mais uniquement dans les faits, si la majorité des conseils était réellement factieuse si la contre-révolution ne pouvait se conjurer que par un coup d’État si le 18 fructidor, enfin, était inévitable, j’aurais trouvé, et cela malgré les concessions mutuelles que se firent sans doute les proscripteurs, comme au temps d’Octave, de Lépide, d’Antoine ; j’aurais trouvé une élimination ou, si l’on veut, une épuration de quarante et un membres seulement dans le conseil des Cinq Cents, et de onze dans le conseil des Anciens.

Le fil qui pourrait guider sûrement l’historien dans ce labyrinthe de faits contradictoires, je le répète, je ne l’ai point trouvé. Les mémoires arrachés à la famille de Barras par ordre de Louis XVIII ; les mémoires que La Réveillère a laissés, et dont il est si désirable que le public ne soit pas plus longtemps privé ; les confidences que d’un autre côté on est en