République française ; il pouvait aussi, quand le général Meerweld et le marquis de Gallo lui parlaient de reconnaissance, répliquer, sans forfanterie, par ces mémorables paroles : « La République française ne veut pas être reconnue ; elle est en Europe ce qu’est le soleil sur l’horizon ; tant pis pour qui ne veut pas la voir et en profiter. » Est-il donc étonnant, je vous le demande, Messieurs, que, dans une position si favorable de nos affaires extérieures, Carnot crût à la possibilité d’une conciliation entre les partis politiques qui se partageaient le pays ; qu’il refusât, j’emploie à dessein ses propres paroles, de conjurer le danger en sortant des limites de la constitution qu’il repoussât loin de lui toute pensée de coup d’État, moyen assurément très-commode de sortir d’embarras, mais moyen dangereux, et qui presque toujours finit par devenir funeste à ceux-là mêmes qui l’ont employé à leur profit.
J’aurais vivement désiré, Messieurs, pouvoir pénétrer plus avant dans l’examen du rôle que joua Carnot à cette époque critique de notre révolution ; je n’ai rien négligé pour soulever quelque coin du voile dont reste encore couvert un événement qui exerça tant d’influence sur la destinée de notre confrère et sur celle du pays mes efforts, je l’avoue, ont été infructueux. Les documents ne manquent pas, mais ils émanent presque tous d’écrivains trop intéressés, soit à excuser, soit à flétrir le 18 fructidor, pour n’être pas suspects. Les récriminations pleines d’âcreté, de violence, auxquelles d’anciens collègues se livrèrent alors les uns contre les autres, m’ont rappelé cette célèbre et si sage déclaration de Montesquieu : « N’écoutez ni le père Tournemine, ni moi, parlant l’un de l’autre ; car nous avons cessé d’être amis. » Les