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le servit avec l’énergie, le zèle, le dévouement, qu’avait jadis déployés le membre du comité de salut public.

La Vendée était en feu ; Hoche reçoit de Carnot, avec la mission de la pacifier, le plan d’un nouveau système d’opérations. Ce général républicain s’y conforme, triomphe de Charette, s’empare de Stofflet, et purge le Morbihan des bandes nombreuses de chouans qui le ravageaient. En moins de huit mois, la guerre civile, cette guerre impie où des deux côtés, cependant, on déployait tant de courage, cesse de désoler notre territoire.

Sur le Rhin, nos armées sont placées sous les commandements de Jourdan et de Moreau. Un plan de campagne savant, profond, coordonne les mouvements de ces deux généraux, et porte bientôt leurs troupes victorieuses au cœur de l’Allemagne.

En Vendée, en Allemagne, sur le Rhin, Carnot, comme on vient de le voir, avait investi de sa confiance des officiers déjà célèbres par de mémorables triomphes. Le commandement de l’armée d’Italie, il le donna, au contraire, à un général de vingt-cinq ans, dont les titres connus se réduisaient alors à quelques services secondaires rendus pendant le siége de Toulon, et à la facile défaite des sectionnaires parisiens, le 13 vendémiaire an III, sur les humbles champs de bataille du Pont-Royal, de la rue Saint-Honoré et du perron de Saint-Roch. Je revendique ici en faveur de Carnot l’honneur d’avoir personnellement désigné et choisi le jeune général Bonaparte pour le commandement de notre troisième armée, parce qu’il lui appartient légitimement ; parce que ce choix fut longtemps considéré, à tort, comme le résultat d’une intrigue de boudoir, et que chacun, ce me semble, doit être heureux de voir