occupait toutes les issues de la forêt de Mormale et bloquait Maubeuge. Cette ville une fois prise, les Autrichiens ne rencontraient plus d’obstacles sérieux pour arriver à Paris. Carnot voit le danger ; il persuade à ses collègues du comité de salut public que notre armée, malgré sa grande infériorité numérique, peut livrer bataille ; qu’elle doit attaquer l’ennemi dans des positions qui paraissaient inexpugnables. C’était un de ces moments suprêmes qui décident du sort, de l’existence des nations. Le général Jourdan hésite devant une aussi terrible responsabilité. Carnot se rend à l’armée en quelques heures tout est convenu, tout est disposé ; les troupes s’ébranlent ; elles fondent sur les ennemis ; mais ils sont si nombreux, ils occupent une position si bien choisie, ils ont creusé tant de retranchements, ils les ont garnis d’une artillerie tellement formidable, que le succès est incertain. À la fin de la journée notre aile droite a gagné quelque terrain ; mais l’aile gauche en a peut-être perdu davantage. D’ailleurs elle a laissé quelques canons dans les mains des Autrichiens. Renforçons l’aile gauche ! s’écrient les vieux tacticiens. Non ! non ! réplique Carnot, qu’importe le côté par lequel nous triompherons ? Il faut bien, bon gré, mal gré, céder à l’autorité sans limites du représentant du peuple. La nuit est employée à dégarnir l’aile déjà compromise ; ses principales troupes se portent sur la droite, et quand le soleil se lève c’est en quelque sorte une autre armée que Cobourg trouve devant lui. La bataille recommence avec une nouvelle fureur. Enfermés dans leurs redoutes, protégés par des bois, par des taillis, par des haies vives, les Autrichiens résistent vaillamment une de nos colonnes d’attaque est repoussée et commence à se débander. Ah ! qui pourrait dépeindre les cruelles
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