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justifier les prévisions de notre confrère, que pour écrire le récit de la mémorable campagne de 1794, on aurait à peine quelques noms propres de villages à changer dans les instructions qu’il avait adressées au général en chef. Les lieux où il fallait livrer bataille ; ceux où l’on devait se borner à de simples démonstrations, à des escarmouches la force de chaque garnison, de chaque poste, tout est indiqué, tout est réglé avec une admirable netteté. C’est sur un ordre de Carnot que Hoche se dérobe un jour à l’armée prussienne, traverse les Vosges, et, se réunissant à l’armée du Rhin, va frapper sur Wurmser un coup décisif qui amène la délivrance de l’Alsace. En 1793, pendant que l’ennemi s’attendait, conformément aux préceptes classiques de la stratégie, à voir nos troupes se porter de la Moselle sur le Rhin ; pendant qu’il accumulait sur ce dernier fleuve de formidables moyens de résistance, Carnot, sans s’inquiéter des vieilles théories, détacha inopinément quarante mille hommes de l’armée de la Moselle et les envoya sur la Meuse à marches forcées. Telle fut la manœuvre célèbre qui décida du succès de cette campagne de 1793, pendant laquelle les généraux autrichiens et hollandais eurent le double chagrin d’être constamment battus, et de l’être contre les règles. Oui, Messieurs, la tribune nationale ne fut que juste, le jour où elle retentit de ces belles paroles, devenues aujourd’hui historiques « Carnot a organisé la victoire.  »

Carnot sur le champ de bataille de Wattignies.

On pourrait dire des armées françaises, comme de certains peintres, qu’elles ont eu plusieurs manières. Un jour