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de plomb) sont la plume et l’encre de l’officier en campagne ; c’est avec le crayon qu’il trace sur le pommeau de la selle de son cheval ces quelques caractères qui lancent au fort de la mêlée des milliers de fantassins, de cavaliers, d’artilleurs ; le graphite est une des substances que la nature semblait avoir refusées à notre sol le comité de salut public ordonne de le créer de toutes pièces, et cet ordre de faire une découverte est exécuté sans retard et le pays s’enrichit d’une nouvelle industrie. Enfin, car il faut bien me résigner à ne pas tout dire, les premières idées du télégraphe sont tirées des in-folio où depuis des centaines d’années elles restaient enfouies sans aucun profit ; on les perfectionne, on les étend, on les applique, et dès ce moment les ordres arrivent aux armées en quelques minutes.; le comité de salut public suit de Paris toutes les péripéties de la guerre, à l’est, au nord, et à l’ouest, comme s’il siégeait au milieu des combattants.

Ces créations en quelque sorte spontanées ; ces directions patriotiques données à tant de nobles intelligences ; cet art, aujourd’hui perdu, d’exciter le génie, de l’arracher à son indolence habituelle, occuperont toujours une large place dans les annales du comité de salut public et dans l’histoire de la vie de notre confrère. Sans sortir, toutefois, du sujet qui nous occupe, nous aurions encore bien d’autres mérites, bien d’autres services à enregistrer.

Carnot était du très-petit nombre d’hommes qui, en 1793, croyaient fermement que la République triompherait tôt ou tard de ses innombrables ennemis. Aussi, tout en donnant au présent la large part que les circonstances commandaient, son administration, l’œil sur l’avenir, dota-t-elle la France de plusieurs grandes institutions dont les heu-