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clat les en faisait sortir ; alors la force militaire, malgré son immense importance, malgré les services éclatants qu’elle rendait au pays, malgré les désordres de l’époque, inclinait respectueusement ses faisceaux devant l’autorité civile, mandataire de la nation.

Jetons nos regards sur une autre face de l’administration de la guerre, et Carnot ne nous paraîtra ni moins grand ni moins heureux.

On manque de cuivre pur ; à la voix de la patrie éplorée, les sciences trouvent dans les cloches des couvents, des églises, des horloges publiques, la mine inépuisable d’où elle extraira sans retard tout le métal que l’Angleterre, la Suède, la Russie lui refusent. On n’a point de salpêtre ; des terrains où jadis on n’eût cherché cette substance que pour s’assurer de la délicatesse d’un moyen d’analyse chimique, fourniront à tous les besoins de nos armées, de nos escadres. La préparation des cuirs destinés à la chaussure exigeait des mois entiers de travail d’aussi longs délais ne sauraient se concilier avec les besoins de nos soldats, et l’art du tanneur reçoit des perfectionnements inespérés désormais, des jours y remplaceront des mois. La fabrication des armes est si minutieuse, que ses lenteurs paraissent inévitables ; des moyens mécaniques viennent aussitôt fortifier, diriger, remplacer la main de l’ouvrier ; les produits naissent au gré des besoins. Les ballons n’avaient été jusqu’en 1794 qu’un simple objet de curiosité ; à la bataille de Fleurus un ballon portera le général Morlot dans la région des nuages ; de là les moindres manœuvres de l’ennemi seront aperçues, signalées à l’instant, et une invention toute française procurera à nos armes un éclatant triomphe. Les crayons de graphite (mine