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Celui-là n’était pas un homme de parti, bien entendu dans la mauvaise acception de ce terme, qui, chargé fréquemment de missions importantes aux armées et à l’intérieur, y remplit ses devoirs avec une telle modération, qu’il put, lorsque les circonstances l’exigèrent, sans crainte d’être démenti, se rendre à lui-même publiquement le témoignage de n’avoir jamais fait arrêter personne. En pénétrant dans les bureaux du comité de salut public, nous y trouverions des preuves non moins claires de la bienveillante indulgence de Carnot envers ceux qui professaient des opinions politiques différentes des siennes, dès que toutefois elles s’alliaient à de l’honnêteté et à une vive antipathie pour l’intervention de l’étranger dans les affaires intérieures de la France. Ainsi nous verrions sous le nom de Michaux, parmi les collaborateurs de notre confrère, le célèbre Darçon, qui était un émigré rentré. Mais à quoi bon se traîner sur des faits particuliers, lorsqu’une réflexion générale peut également conduire au but ? La Convention était l’arène où allaient se combattre les chefs des factions qui divisaient le pays mais c’est dans les clubs qu’ils se créaient des adhérents et la force matérielle dont l’action, dont la seule présence annulait souvent les effets des plus éloquents discours. Si la Convention voyait éclater la foudre, c’est hors .de son enceinte que l’orage commençait à poindre, qu’il grossissait, qu’il acquérait une puissance irrésistible. On n’était alors un homme influent en politique, qu’à la condition de paraître tous les jours aux Jacobins ou aux Cordeliers, qu’à la condition de s’y mêler à tous les débats : eh bien ! Messieurs, Carnot n’appartenait à aucune de ces associations jamais un mot de lui ne retentit dans les clubs. En ces temps de