civiles ; pour moi, je n’y mettrai jamais qu’une condition : c’est que la mémoire d’aucun de nos confrères n’en souffrira. Eh bien, Messieurs, supposez un moment que je me taise ici sur le membre du comité de salut public ; ne conclura-t-on pas de mon silence, je dis plus, n’aura-t-on pas le droit d’en conclure que j’ai reconnu l’impossibilité de repousser les attaques vives, nombreuses, poignantes, dont il a été l’objet ? Ces attaques, Carnot, de son vivant, a pu les dédaigner ; il m’était au contraire imposé d’en chercher l’origine, d’en peser consciencieusement la valeur. Je le dis sans forfanterie, aucune puissance humaine ne m’eût décidé à faire retentir ici le nom de Carnot, si je n’avais découvert les causes honorables, patriotiques, de certains actes que la plus atroce des calomnies, que la calomnie politique, avait souillés de sa bave infecte. Mon travail, au reste, n’a pas été sans quelques difficultés. Personne dans l’avenir n’aurait peut-être plus l’occasion d’en réunir les éléments. Encore quelques années, en effet, et les collègues et les collaborateurs de Carnot, dont j’ai pu recueillir les lumières et les témoignages, auront payé leur tribut à la nature.
En 1793, la Convention était dans l’État le seul pouvoir organisé capable d’opposer une digue efficace au débordement d’ennemis qui de toutes les parties de l’Europe venaient se ruer sur la France et menacer sa nationalité. La nationalité d’un peuple est comme l’honneur la plus légère blessure lui devient mortelle. Tels étaient, Messieurs, les sentiments de tant de conventionnels dont la France révère la mémoire ; tels étaient les liens qui les attachaient au poste périlleux où l’élection les avait appelés.
En créant le comité de salut public (le 6 avril 1793), la