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annales de la révolution ne font mention de lui qu’à partir de 1791.

Certains écrivains prennent à tort l’esprit de prosélytisme pour la juste mesure de la sincérité des convictions politiques ils ne comprennent point qu’une vie retirée, studieuse, puisse s’allier à un profond désir de réformes sociales ; les deux années d’inaction de Carnot leur semblent un véritable phénomène. Or, devinez de quoi ils se sont avisés pour l’expliquer ? Ils placent notre confrère parmi les émigrés de Coblentz ; ses tendances républicaines ne dateraient ainsi que de l’époque où il serait rentré furtivement en France. Je ne vous ferai pas, Messieurs, l’injure de réfuter une aussi risible supposition.

En 1791, Carnot était en garnison à Saint-Omer, et s’y maria avec Mlle Dupont, fille d’un administrateur militaire né dans ce pays. Ses principes politiques, la modération de sa conduite, ses connaissances variées lui valurent bientôt après l’honneur de représenter le département du Pas-de-Calais à l’Assemblée législative. À partir de cette époque, Carnot se livra tout entier aux devoirs impérieux qui lui furent imposés ou par le choix de ses concitoyens ou par le suffrage de ses collègues l’homme public absorba presque entièrement le géomètre ce dernier ne se montra plus que de loin en loin.

Ici, Messieurs, deux routes se présentent à moi. L’une est unie et frayée ; la seconde semble bordée de précipices. Si j’en croyais quelques personnes que leur bienveillance pour moi a rendues timides, je n’hésiterais pas à choisir la première. Prendre l’autre, ce sera encourir, je le sais, les reproches d’imprudence, d’aveuglement. À Dieu ne plaise que je me suppose la force de lutter contre des préventions si nettes,