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expériences servent à apprécier ces pertes, à les évaluer en nombres avec une assez grande exactitude.

La science en était à ce point lorsque Carnot publia son Essai. Dans cet ouvrage notre confrère, envisageant les machines, et même hlus généralement tout système de corps mobiles, sous un point de vue entièrement neuf, signale une cause inaperçue ou du moins imparfaitement analysée par ses prédécesseurs, et qui, en certains cas, doit aussi donner lieu à des pertes considérables ; il montre qu’on doit, à tout prix, éviter les changements brusques de vitesse. Carnot fait plus il trouve l’expression mathématique de la perte de force vive que de pareils changements occasionnent ; il montre qu’elle est égale à la force vive dont tous les corps du système seraient animés, si on douait chacun de ces corps de la vitesse finie qu’il a perdue à l’instant même où le changement brusque s’est réalisé.

Tel est, Messieurs, l’énoncé du principe qui, sous le nom de théorème de Carnot, joue un si grand rôle dans le calcul de l’effet des machines.

Ce beau, ce précieux théorème est aujourd’hui connu de tous les ingénieurs ; il les guide dans la pratique ; il les garantit des fautes grossières que commettaient leurs devanciers.

Si je devais en faire sentir l’importance aux gens du monde, je dirais peut-être, malgré la bizarrerie apparente du rapprochement, que Carnot a étendu au monde matériel un proverbe dont la vérité n’était guère constatée que dans le monde moral ; que beaucoup de bruit et peu de besogne est désormais un dicton tout aussi applicable aux travaux effectifs des machines qu’aux entreprises de certains individus dont la pé-