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tements ; toutes ces causes réunies absorbent en pure perte une partie très-notable de la force motrice ; ainsi les effets d’une machine doivent toujours être inférieurs à ceux que la force eût engendrés en agissant directement sur les résistances.

Ces résultats de la théorie, confirmés d’ailleurs complètement par l’expérience, n’empêchent pas que sous de certains points de vue telle ou telle machine ne puisse, sans paradoxe, être recommandée ; qu’elle ne soit utile, et même souvent indispensable. Des considérations de solidité ou d’ornement obligent, par exemple, de porter au sommet de certains édifices des blocs de pierre ou de marbre dont le poids dépasse les forces de l’ouvrier le plus vigoureux ; supprimez le treuil, supprimez les machines analogues et un seul homme ne pourra plus exécuter le travail que l’architecte aura conçu il faudra réunir des milliers de bras sur un même point ; des espaces resserrés y mettront obstacle ; le grand appareil disparaîtra de tous les monuments d’architecture la porte triomphale, le palais, ne seront plus construits, comme la modeste chaumière, qu’avec de petits moellons.

Vous le voyez, Messieurs, il est des cas, nous ne saurions trop le répéter, dans lesquels, bon gré, mal gré, on doit se résigner à la perte de force qu’entraînent les machines, puisque sans leur secours certains travaux deviendraient inexécutables.

Les pertes de force qui dépendent de la flexibilité des matériaux dont les machines sont composées, de la roideur des cordes et du frottement, avaient été remarquées des plus anciens mécaniciens ; les modernes ont été plus loin leurs