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Au titre que je viens de rappeler, l’Académie de Dijon peut ajouter encore celui d’avoir fait naître la première production de Carnot dont la presse se soit emparée l’Éloge de Vauban.

L’intrépidité, le désintéressement, la science de l’illustre maréchal avaient déjà reçu, par la bouche de Fontenelle, un hommage auquel il semblait difficile de rien ajouter. Quels discours, en effet, pourraient plus dignement caractériser une vie militaire que ces quelques chiffres « Vauban fit travailler à 300 places ; il en éleva 33 neuves ; il conduisit 53 sièges ; il s’est trouvé à 140 actions de vigueur. » Et ces autres paroles ne semblent-elles pas empruntées à Plutarque ? « Les mœurs de Vauban ont tenu bon contre les dignités les plus brillantes et n’ont pas même combattu. En un mot, c’était un Romain qu’il semblait que notre siècle eût dérobé aux plus heureux temps de la République ! »

L’éloge d’où ces deux passages sont tirés m’avait toujours paru si éloquent, si vrai, qu’au moment où, pour la première fois, je trouvai un discours sur Vauban parmi les productions de notre confrère, je me surpris à maudire de toute mon âme le programme académique qui, se jouant de l’inexpérience d’un jeune homme, l’avait exposé à une redoutable comparaison. En vérité, je n’aurais pas été plus inquiet, si j’eusse découvert que Carnot avait essayé de refaire la Mécanique de Lagrange, Athalie ou les Fables de Lafontaine. Ces craintes étaient exagérées. Les membres bourguignons de l’Académie de Dijon eurent raison de penser que le Bourguignon Vauban pouvait encore devenir un intéressant sujet d’étude, après le brillant portrait tracé par Fontenelle. Et, en effet, le secrétaire de l’Académie des scien-