Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

placé en tête du premier rang s’avançait alors de deux pas, et répondait de manière à être entendu sur toute la ligne : Mort au champ d’honneur !

L’hommage bref, expressif, solennel, qu’un régiment rendait ainsi chaque jour à celui qui s’était illustré dans ses rangs par le courage, par le savoir, par le patriotisme, devait, ce me semble, y entretenir cette excitation qui enfante les héros. J’affirme, en tout cas, que les nobles paroles de Carnot, répétées à la chambrée, au corps de garde, sous la tente, au bivouac, avaient profondément gravé le souvenir de Latour d’Auvergne dans la mémoire de nos soldats. Où vont donc ces longues files de grenadiers, s’écriait l’état-major du maréchal Oudinot, lorsque, dans les premiers jours de vendémiaire an XIV (octobre 1805), l’avant-garde de la grande armée traversait Neubourg ? Pourquoi s’écartent-ils de la route qu’on leur a tracée ? Leur marche silencieuse et grave excite la curiosité ; on les suit, on les observe. Les grenadiers allaient, Messieurs, près d’Oberhausen, passer avec recueillement leurs sabres sur la pierre brute qui recouvrait le corps du premier grenadier de France !

Je rends grâce, Messieurs, au vieillard vénérable (M. Savary) qui, témoin oculaire de la scène touchante d’Oberhausen, m’a permis de la tirer de l’oubli, et d’unir ainsi dans un sentiment commun l’admirable armée d’Austerlitz aux admirables armées républicaines. Je suis heureux aussi que des noms qui vous sont chers, que les noms de deux de nos anciens confrères, que les noms de Latour d’Auvergne et de Carnot soient venus occuper une si belle place dans ce patriotique souvenir !

Les grands emplois, comme les sommités élevées, donnent