registres le protocole qu’ils cherchaient, et cela autant de fois que Carnot avait rempli de missions.
Le nom de Carnot se présenterait à ma pensée, si, après tant d’exemples empruntés à l’histoire de tous les peuples, il restait encore à prouver qu’une âme ardente peut s’allier à des manières froides et réservées. Sans doute, personne n’eut jamais le droit de dire de lui, comme d’Alembert d’un des anciens secrétaires de notre Académie : C’est un volcan couvert de neige ; mais qu’il me soit du moins permis de montrer que les conceptions de notre confrère avaient souvent ce je ne sais quoi qui va droit au cœur, qui le touche, qui l’émeut, qui l’électrise qu’elles étaient enfin frappées du cachet indéfinissable que ne portent jamais les œuvres des hommes sans entrailles, des hommes chez lesquels toutes les facultés se trouvent concentrées dans l’intelligence. Deux citations, et ma thèse sera prouvée.
Latour d’Auvergne, né de la famille de Turenne, ne donne pas même un regret, quand la révolution éclate, aux avantages de position qu’il va perdre ; l’ennemi menace nos frontières c’est aux frontières qu’on le voit aussitôt marcher. La modestie lui fait refuser tous les grades ; l’ancien capitaine reste obstinément capitaine. Afin de ne pas priver le pays des éminents services que le général Latour d’Auvergne lui eût rendus, Carnot autorise les représentants du peuple à grouper ensemble toutes les compagnies de grenadiers de l’armée des Pyrénées-Occidentales, à en former un corps séparé, à n’y jamais placer aucun officier supérieur, à en écarter avec le même soin tous les capitaines plus anciens que Latour d’Auvergne ; et, par cet arrangement, le modeste officier se trouve chaque jour chargé d’un comman-