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Les idées si profondément hiérarchiques du premier consul n’auraient pas pu s’accommoder d’un ministre de la guerre chef de bataillon. Aussi, en l’an IX, n’éleva-t-il Carnot à ce poste éminent qu’après l’avoir nommé inspecteur général aux revues. C’était, au reste, tourner la difficulté plutôt que la lever. Le grade demi-militaire, demi-civil d’inspecteur aux revues, n’empêchait pas que, sous le gouvernement des consuls, le ministre de la guerre ne fût encore, dans l’arme du génie, simple chef de bataillon.

Carnot quitta le ministère le 16 vendémiaire an IX. Douze jours après, son successeur demandait qu’on plaçât le nom de l’illustre citoyen dans la liste qui allait être formée des généraux de division de l’armée française. Le rapport rappelait, en très-bons termes, et même avec une certaine vivacité, tout ce que notre confrère avait fait pour la gloire, pour l’indépendance nationales. Le ministre allait même, au nom de la justice, de l’estime et de l’amitié, jusqu’à invoquer la magnanimité des consuls la magnanimité fit défaut on ne répondit pas au rapport, et le ministre démissionnaire resta dans. son ancien grade.

En 1814, quand il fallut expédier les lettres de commandement du nouveau gouverneur d’Anvers, les commis de la guerre, pour écrire l’adresse, cherchèrent dans les contrôles les titres officiels de Carnot, et restèrent stupéfaits en voyant que l’empereur venait, sans s’en douter, de placer un simple chef de bataillon à la tête d’une foule de vieux généraux. Le service aurait évidemment souffert d’un pareil état de choses on sentit le besoin d’y remédier ; et, à l’imitation de certain personnage ecclésiastique qui, dans la même journée, reçut