Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien, au reste, d’où le coup part. C’est ma démission qu’on désire, qu’on demande. Je ne lui donnerai pas cette satisfaction ; je resterai, puisque je pense pouvoir être utile au pays. Le jour viendra, j’espère, où il me sera permis de m’expliquer nettement sur cette perfidie ; à présent, je me contenterai de dédaigner ce vain titre, de ne jamais l’accoler à mon nom, et surtout de ne pas en prendre le diplôme, quelques instances qu’on me fasse. De ce moment, vous pouvez tenir pour certain, Messieurs, que Carnot ne restera pas longtemps ministre, après que les ennemis auront été repoussés. »

J’aurais bien mal fait apprécier notre confrère, Messieurs, si ces paroles semblaient exiger plus de développements.

Carnot dans l’exil. – Sa mort.

De tous les ministres des Cent jours, Carnot fut le seul dont le nom figura sur la liste de proscription dressée le 21 juillet 1815 par la seconde restauration. Que cette rigueur exceptionnelle ait été la conséquence de l’ardeur patriotique avec laquelle notre confrère voulait disputer aux étrangers les derniers lambeaux du territoire français, ou de sa persistance, malheureusement sans résultat, à signaler à l’empereur le traître qui, sous la foi d’une ancienne réputation d’habileté, s’était introduit dans le ministère, sa gloire n’en sera pas ternie.

Déjà, dans la soirée du 24 juillet, Carnot avait reçu un passe-port de l’empereur Alexandre. Il ne s’en servit, toutefois, qu’eu Allemagne. Obligé de voyager sous un nom supposé, il ne voulut, au moins, renoncer que le plus tard