un tyran au lieu de l’anarchie, ils mettent l’anarchie à la place du tyran. Quand verrons-nous la fin de ces cruelles oscillations ? Paris ne jouit que d’un calme momentané ; calme perfide qui nous présage les plus horribles tempêtes. O jours d’affliction et de flétrissure, heureux sont ceux qui ne vous ont pas vus ! ».
Les sentiments que Carnot avait su inspirer à la population d’Anvers sont connus du monde entier. Je ne puis résister, cependant, au plaisir de citer au moins quelques mots d’une lettre qui lui fut remise le jour où il partit pour Paris, après en avoir reçu l’ordre du gouvernement des Bourbons de la branche aînée, remontée sur le trône. Les autorités et les habitants du faubourg de Borgerhout, dont la destruction avait été résolue, et qu’il crut pouvoir conserver sans nuire à la défense, lui disaient :
« Vous allez nous quitter ; nous en éprouvons un chagrin mortel ; nous voudrions vous posséder encore quelques a minutes ; nous sollicitons cette grâce insigne avec la plus vive instance. Les habitants de Saint-Willebrord et de Borgerhout demandent, pour la personne qui sera chargée de les administrer, la permission de s’informer, une fois l’année, de la santé du général Carnot…. Nous ne vous reverrons peut-être jamais. Si le général Carnot se faisait peindre un jour, et qu’il daignât faire faire pour nous un double du tableau…… ce précieux présent serait déposé dans l’église de Saint-Willebrord. »
Je ne commettrai pas la faute, Messieurs, d’affaiblir, par un froid commentaire, des expressions si naïves, si touchantes