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jours pour lui donner la mesure du rude jouteur auquel il aurait affaire.

J’emprunte au journal du siège, tenu par M. Ransonnet, aide de camp de Carnot, quelques détails qui pourront intéresser, et qui montreront l’austérité du temps et du personnage.

Le 10 février, le nouveau gouverneur d’Anvers écrit au maire de la ville :

« Je suis très-étonné que la personne chargée de faire l’état des meubles et effets pour ma maison ne se soit pas bornée au strict nécessaire.

Je désire aussi que les demandes de cette nature qui seront faites pour mon compte n’aient pas le caractère d’une réquisition forcée.

Tous les effets détaillés sur la note ci-jointe sont inutiles. »

Les nécessités de la campagne de Belgique ayant suggéré à l’empereur la pensée d’emprunter quelques troupes pour l’armée active à la garnison d’Anvers, Carnot écrivit au général en chef Maison une dépêche, en date du 27 mars, d’où j’extrais les passages suivants :

« En obtempérant aux ordres de l’empereur, je suis obligé de vous déclarer, M. le général en chef, que ces ordres équivalent à celui de rendre la place d’Anvers. L’enceinte de cette place est immense, et il faudrait au moins 15,000 hommes de bonnes troupes pour la défendre. Comment Sa Majesté a-t-elle pu croire qu’avec 3,000 marins, dont la plupart n’ont jamais vu le feu, je pourrais tenir la place d’Anvers et les huit forts qui en dépendent ?…

Il ne reste donc plus ici à faire qu’à se déshonorer ou à