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notice sur la vie et les ouvrages

célérer l’entrée de Messier à l’Académie ; la fantaisie étrange de Delisle, son premier bienfaiteur et l’arbitre de sa destinée, ne pouvait au contraire que refroidir les autres astronomes, qui ne voyaient en lui qu’un disciple trop dévoué, qui faisait tout pour un individu et rien pour l’Académie. Messier ne se découragea point, il n’en devint que plus assidu à parcourir le ciel toutes les nuits avec une constance infatigable ; et comme il n’était plus renfermé dans des limites posées d’avance, il vit ses efforts couronnes de succès nombreux. Presque toutes les comètes découvertes pendant quinze ans le furent par lui seul ; il s’était tellement accoutumé à les regarder comme sa propriété, qu’en 1772 il fut désolé d’avoir été prévenu, par un astronome de Limoges. Les soins qu’il donnait alors à sa femme mourante l’avaient empêché de parcourir le ciel suivant sa coutume. Il ne put voir la comète que trois jours après la mort de sa femme, et de mauvais plaisans imprimèrent qu’il avait été moins sensible à cette perte qu’au chagrin d’avoir manqué une découverte, et qu’en s’efforçant de pleurer sa femme, il ne put jamais pleurer que sa comète. Il trouva des consolations dans les années suivantes ; sans entrer dans plus de détails, il nous suffira de dire qu’il observa en tout 46 comètes, dont 21 ont été découvertes par lui et que Louis XV ne l’appelait que son dénicheur de comètes. La Harpe dit : « le furet des comètes. (Correspondance, tom. Ier, p. 97.) »

Mais si les comètes constituent la partie des travaux de M. Messier qui a le plus étendu sa réputation, elles ne sont pas les seuls titres, ni peut-être même les premiers qu’il ait à la reconnaissance des astronomes. Au reste c’est ce qu’il n’est pas aisé de déterminer. Nous pouvons bien compter les ob-