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notice sur la vie et les ouvrages

spectacle qu’offrait alors une des plus belles comètes qu’on eût jamais observées ; et quatre ans après, il ne fut pas moins attentif à la grande éclipse de soleil, qui décidait au même instant la vocation de Lalande et celle de Maskelyne. Une même éclipse valut donc à l’astronomie trois académiciens très-célèbres, quoique chacun dans un genre très-différent.

Quand Delisle n’eut plus de cartes à faire copier, il songea qu’il pourrait tirer parti du goût que Messier montrait pour les observations ; il chargea son secrétaire Libour de lui enseigner l’usage des instrumens et la mesure des angles. Ce noviciat ne pouvait être bien long, et Messier lui-même nous apprend dans ses mémoires, que, vers la fin de 1753, il commençait à être bien exercé dans le genre de travail qui lui convenait le mieux. Il travailla quelque temps au plan de Paris, sous l’abbé de la Grive, et puis à la carte de France, pour laquelle il fit le plan du bois de Verrières. Ces deux essais ne le conduisant à rien, il en revint aux observations astronomiques.

C’était le temps où les astronomes attendaient la comète de Halley. Delisle avait lu à l’Académie un mémoire sur les moyens les plus propres à découvrir cette comète avant son retour au périhélie, et quand elle serait encore trop faible pour être aperçue à la vue simple. Lacaille et les autres astronomes, qui avaient autre chose à faire que de promener pendant une année entière une lunette dans le ciel, dans l’espoir fort incertain d’y apercevoir un astre qui leur ferait perdre un temps précieux, s’en reposèrent sur Delisle, qui pouvait déléguer ce soin à son élève, ne doutant point qu’il ne les avertît dès que la comète serait visible. Leur attente fut doublement trompée.