VJ ÉLOGE HISTORIQUE
déjà docteur en médecine, et suppléant de Lemonnier dans la chaire de botanique du Jardin des plantes.
Dès qu’il commença à professer, l’influence de Bernard sur ses idées dut prendre une nouvelle force. Il le consultait sur ses difficultés, il lui soumettait ses doutes ; et toutefois on doit ajouter que, jusque dans les discussions qu’il soulevait alors, il y avait souvent moins de curiosité scientifique que de piété filiale. Car, depuis la mort d’Antoine, Bernard était tondié dans une mélancolie profonde ; bientôt il |)erdit la vue. Il UG fallait rien moins, pour rattacher ce vieillard à la vie, que les liens adroits dont l’entourait un jeune homme, ingénieux à réveiller sans cesse cet esprit né pour la méditation, par des questions piquantes et difficiles.
En 1773, une place devint vacante à l’Académie, et Bernard engagea son neveu à se présenter ; mais ce neveu n’avait rien publié encore. Il fallut donc songer à un mémoire ; et, pour sujet de ce premier travail, Laurent choisit VE.var/ie/i de la famille des renoncules. Au reste, le sujet importait peu ; car, quel qu’il fût, il ne pouvait être, pour lui, qu’une occasion de faire sentir sa force, et de développer de grandes idées.
C’est alors en effet (|ue, par une réaction énergique sur les idées de son oncle, il conçoit ces idées sous une nouvelle forme, sous une forme qui lui est propre, et qu’il leur imprime, à son tour, le cachet de sa pensée et de son génie. Il a souvent répété que c’était ce mémoire qui l’avait fait botaniste, que le vode s’était, levé, ce sont.ses expressions, et que, pour la première fois, s’étaient découverts à ses yeux ces grands principes dont la démonstration devait être ensuite le but constant de ses efforts et de ses recherches.