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■jY ÉLOOE HISTORIQUE

tions d’une science ; il avait résolu le problème de la médiode en histoire naturelle ; et ce problème fondamental, il l’avait résolu au milieu du siècle dont les efi’orts en tout genre ont le plus avancé la pensée humaine.

Au moment où le jeune Jussieu vint se réunir à son oncle, Antoine était déjà mort, Joseph était toujours au Pérou, et l’illustre vieillard vivait à peu près seul. Logé dans une petite maison de la rue des Bernardins, il n’en sortait que pour aller à la messe, à l’Académie, ou au Jardin des plantes ; presque toujours plongé dans ses méditations profondes, et ne les interrompant, si c’était même les interrompre, que pour quelques amis, choisis jjarmi les hommes les plus respectables de cette époque, les Poivre, les Lemonnier, les Duhamel et les jMalesherbes.

Telle était la vie retirée de Bernard. À cette simplicité de mœurs, à ce besoin d’une méditation continue, mais libre, et dans laquelle, par un tour particulier de son esprit, il semblait plutôt laisser venir les idées que les chercher, il joignait une régulainté d’habitudes qui était extrême. Tout, dans sa maison, était soumis à l’ordre le plus exact, et, si l’on peut s’exprimer ainsi, à l’esprit de méthode le plus sévère. Chaque chose s’y faisait, chaque jour, à la même heure, et de la même manière.

Chaque repas avait son heure fixe et invariable. On sou])ait à neuf ; et lorsque Je jeune Laurent allait jusqu’à se permettre la distraction du théâtre, il n’oubliait jamais de calculer le nombre précis de minutes qu’il lui fallait pour rentrer dans la salle à manger par une porte, juste dans le moment même où son oncle y entrait par l’autre.

Voici encore un trait, et qui peint le caractère de Bernard