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jamais oublier cette maxime que les opinions des hommes, même les plus éminents, ne sont rien, qu’elles sont de nulle valeur pour la science, qui ne se compose pas de ce que l’on croit, mais seulement de ce que l’on sait, c’est-à-dire de ce qui est démontré d’une manière tellement irréfragable que cela doit entraîner la soumission de toutes les intelligences, même des plus récalcitrantes. Tout le reste n’est que jeu de l’esprit ou simple croyance. Le véritable naturaliste, et spécialement celui qui travaille à se fonder une réputation, doit éviter soigneusement de s’égarer dans ces hautes spéculations qui sont, en quelque sorte, le grand œuvre de la science. Les jeunes observateurs, emportés souvent par la fougue de leur imagination, saisissent avidement les faits les plus équivoques, lorsqu’ils semblent confirmer leurs idées favorites ; ils les proclament sans hésiter comme faits irrécusables et démonstratifs, tandis que l’observateur froid et impartial n’y voit que matière de doute ou même que certitude de la profondeur de ce que nous ignorons. Que M. Coste se persuade qu’il aura plus d’estime à recueillir de la part des savants pour un seul fait bien observé que pour la vaine création d’un nouveau système. Nous revenons à l’analyse de son travail.

Le huitième jour après la conception, l’ovule de la brebis a subi un changement de forme. Il s’est allongé dans le sens de l’un de ses diamètres, il est devenu, en quelque sorte, semblable à un ver. M. Coste nous a fait voir que cet ovule était composé de deux vésicules vermiformes emboîtées. Ces deux vésicules sont, en dehors la vitelline, et en dedans la blastodermique, qui, au lieu de se conserver sphériques, comme chez le lapin, se sont converties en deux canaux cylindriques fermés à leurs extrémités, et de cinq à huit lignes de