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DE CHIMIE ORGANIQUE.

En adoptant la formule établie plus haut, on aurait :

C2 
76,52 3,12
6,25 0,26
I3 
2369,25 96,62
——— ———
2452,02 100,00

Ce composé est donc également en correspondance avec l’acide formique anhydre, ainsi que l’analogie permettait de le prévoir. Sa formule doit se représenter par C4H2I6.

Il n’est peut-être pas inutile de mentionner ici l’un des faits qui m’ont porté à soupçonner l’existence de l’hydrogène dans ce dernier produit. Il y a déjà quelques années, à une époque où l’on ignorait la nature de l’iodoforme, je voulus en essayer l’analyse. Je vis bientôt que ce corps renfermait fort peu d’hydrogène, et je voulus le soumettre à des épreuves décisives à cet égard. Je plaçai donc dans une cloche courbe, à moitié remplie d’azote sec et pur, un gramme d’iodoforme avec du potassium. Je pensais qu’en chauffant, il se formerait de l’iodure de potassium, un dépôt de charbon et de l’hydrogène gazeux que je pourrais mesurer. Je chauffais doucement la cloche, au moyen d’une lampe à alcool, et je voyais déjà le potassium entrer en fusion et la réaction commencer, quand tout à coup le mélange devint incandescent, et avant que je pusse songer à prendre quelque précaution, une explosion violente brisa la cloche en mille éclats qui vinrent s’implanter presque tous dans ma figure. L’un d’eux, long d’un pouce et très-acéré, pénétra dans mon œil droit et se fixa dans la caroncule lacrymale, qui en fut coupée.

Il est possible, à la rigueur, d’expliquer cet événement, en

T. XV.
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