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accompagnée de prises colorants jaunes, rouges et fauves, qui sont en proportions diverses les uns à l’égard des autres, et qui ont des aptitudes différentes pour se fixer sur le coton, sur la soie et sur la laine. Ainsi, une dégradation d’indigotine sur soie opérée dans la cuve d’Inde, donne des clairs d’un bleu verdâtre, des bruns d’un bleu violet, et des tons intermédiaires bleus ; et cela, parce qu’il se fixe avec l’indigotine un principe jaune dont l’influence est d’autant plus sensible que le ton est plus faible.

Des expériences instituées d’après cette méthode, servent, 1° à contrôler les analyses immédiates des matières tinctoriales, puisque la connaissance parfaite des principes immédiats d’une de ces matières doit expliquer tous les phénomènes que cette dernière présente dans son emploi en teinture.

2° À expliquer comment il se fait que les teinturiers qui se livrent à la teinture du coton, ont souvent, sur la nature de la même matière colorante des idées fort différentes de celles des teinturiers qui ne teignent que la soie ou la laine, parce qu’en effet il est telle matière colorante complexe qui ne cède au coton qu’un seul principe colorant, tandis qu’elle en cède deux à la soie ou à la laine. C’est ce qui explique comment il y a des indienneurs qui n’admettent qu’un seul principe colorant rouge dans la garance, tandis que les teinturiers en soie, et surtout en laine, en admettent volontiers trois, un rouge, un jaune et un fauve.

Mes anciennes expériences sur les matières colorantes, particulièrement celles sur le bois de campêche, m’ont été d’un grand secours lorsque j’ai cherché à déterminer la composition de composés auxquels les étoffes teintes avec des matières à d’origine organique doivent leur couleur. En effet, sachant